Terre de bandes dessinées, la Wallonie a produit, depuis trois-quarts de siècle, un nombre impressionnant d’aventures de papier qui ont fait rêver les jeunes de 7 à 77 ans. Dans les décors de ces aventures, à travers les langues exotiques parlées par des héros lointains, etc., tout un imaginaire wallon s’est constitué, dont nous autres, qui sommes du pays, ne percevons pas toujours la spécificité.

De la monnaie syldave, le « khor », chez Hergé, qui n’est autre que le « caur » wallon désignant de l’argent (« Il a bran.min des caurs… », ‘Il a beaucoup d’argent…’), à la mine de Farsziën chez Mitacq, souvenir d’enfance de Farciennes, où Michel Tacq passait ses vacances chez son grand-père, d’innombrables images renvoient à nos réalités wallonnes.

Le thème « Au fil du labeur » retenu pour ces XIVe journées du Patrimoine en Wallonie nous invitait donc à des itinéraires variés à travers notre patrimoine imaginaire tel que l’ont fixé les créateurs de chez nous. Quelle surprise de découvrir au détour des cases l’activité des « faudeux », fabricants de charbon de bois, ou les forges de Mellier-Haut à l’Église, souvenirs de la métallurgie d’Ancien Régime ! Quel étonnement de trouver dans un décor étrange, les bâtiments du Grand Hornu ou le haut fourneau d’Ougrée !

L’exposition propose de redécouvrir ces lieux d’hier et d’aujourd’hui qui ont à ce point marqué nos mémoires que, frappés comme nous par la beauté de ces sites imprégnés du travail des hommes, les auteurs de bandes dessinées les ont fait revivre dans leurs histoires et nos esprits. Au-delà de la beauté de ces lieux, c’est aussi la mémoire des luttes émancipatrices qui nous ont fait ce que nous sommes et dont le souvenir nous invite à jeter un regard nouveau sur les combats d’aujourd’hui