Par sa nature même, le dessin de presse offre un caractère polémique qui se prête particulièrement bien au discours revendicatif : aussi est-ce tout naturellement à travers la presse wallonne de combat que l'on trouve le plus de « caricatures » mettant en scène la Wallonie. Si donc le corpus constitué à l'occasion de l'exposition (environ 500 dessins) ne peut pas être considéré comme représentatif de toutes les tendances de l'opinion, il présente néanmoins l'avantage de mettre en évidence une série d'éléments que seuls pouvaient percevoir ceux chez qui le sentiment d'appartenance wallonne était le plus vif.
Concrètement, l'exposition tente d''articuler trois dimensions incontournables de tout essai d'analyse de « l'imaginaire wallon » à travers le dessin de presse : la dimension chronologique, la dimension thématique et la dimension artistique. Du point de vue chronologique, L'exposition tient compte des grandes étapes historiques du développement des revendications wallonnes, des premiers balbutiements du mouvement wallon aux grandes grèves de 1960-1961, et propose un parcours décapant à travers le temps. D'un point de vue thématique ensuite, l'exposition intègre une approche des éléments récurrents présents à travers toutes les périodes, que ce soit en termes de représentations wallonnes (l'idée que « la Belgique, c'est la Flandre », la perception de la Wallonie comme une terre de grande industrie, porteuse du progrès social, etc.), ou en termes de présence des grandes figures du combat wallon (Jules Destrée, André Renard, etc.)… D'un point de vue artistique enfin, l'exposition tente de faire place aux grands graphistes qui ont illustré le genre en Wallonie (Ochs, Paul Caso, A. Servais, etc.) et de s'interroger sur l'existence de spécificités narratives, iconiques, etc.