L'imaginaire wallon dans la bande dessinée, sous la direction de J. Pirotte, avec la collaboration de L. Courtois et J. Pirotte, avec le concours de J.-L. Tilleul, 1999, 316 p., 185 ill.
Référence : SEED 04
ISBN : 2-9600072-3-9

Parmi les médias créateurs et diffuseurs d’images, la bande dessinée est sans doute l’un des plus vivants aujourd’hui dans plusieurs pays d’Europe. S’il est vrai que pour communiquer chaque époque invente les moyens qui lui sont propres, on peut dire que la bande dessinée correspond en partie aux façons d’être au monde et de sentir les choses des Européens du XXe siècle. Conçue au soir tombant du XIXe siècle, la bande dessinée a éclos au cours des années 1930, comme moyen d’expression très marginal s’adressant de façon prioritaire à la jeunesse ; après avoir elle-même vécu l’épanouissement d’une sorte d’âge d’or de l’enfance durant les années 1950, la bande dessinée s’est affranchie dans les années 1970, faisant voler les règles en éclats, conquérant des publics nouveaux et se tournant plus résolument vers les adultes, s’embarquant vers les rives osées de la recherche esthétique. D’année en année s’accroît ainsi un patrimoine européen, déjà riche et diversifié.

Le propos du présent ouvrage est simple : tout en se voulant un apprentissage à la lecture critique de l’image, il cherche à explorer la bande dessinée en tant que véhicule de culture et d’idées, en tant que moyen d’information mais aussi de formation d’un public adulte. Dans cette perspective, il propose un parcours du particulier à l’universel : inventorier les interpénétrations régionales et internationales d’une culture européenne qui se construit aussi un peu par la bande dessinée. La bande dessinée, en effet, présente au lecteur attentif ces deux aspects qui s’interpénètrent : des ancrages régionaux multiples et profonds ; des ouvertures sur l’universel, car les structures du récit sont aisément transposables d’une culture à une autre et, en outre, le message iconique s’accommode aisément de ce passage.

Comme toutes les créations culturelles, les créations de bande dessinée sont filles de leur temps et de leur milieu concret. Qu’elles se veuillent réalistes ou humoristiques, qu’elles s’ancrent volontairement dans l’épaisseur d’un terroir ou se tournent de façon délibérée vers le « nulle part » de la fiction, du rêve et de l’anticipation, les bandes dessinées expriment nécessairement un petit coin du paysage mental de leurs concepteurs, paysage façonné par les conditions concrètes d’existence dans une région précise. Une des sources obligées où puise notre capacité de créer n’est-elle pas cet imaginaire qui s’est constitué lentement et se recompose sans cesse de débris d’enfance, de conduites héritées d’une patiente adaptation au milieu, de bribes d’histoires anciennes issues des terroirs ou de leurs relectures modernes ? Au point de départ, nous ne pouvons découvrir le monde qu’à travers la perception de notre environnement immédiat. Ce n’est qu’à travers nos expériences particulières que nous pouvons nous ouvrir à l’universel.

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